La démarche zéro déchet, zéro gaspillage

Le « zéro déchet, zéro gaspillage » ou parfois simplement « zéro déchet » est une démarche progressive et positive basée sur une diminution de la quantité de déchets que nous produisons et donc une remise en question de notre mode de consommation afin d’améliorer notre impact sur l’environnement. On parle aussi de démarche « zero waste » : en anglais, « waste » signifiant à la fois « déchet » et « gaspillage ».

Pour résumer la démarche en une devise :

Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas

A l’origine de la démarche, un constat

Le constat est simple : nos modes de consommation et de production ne sont pas adaptés aux ressources dont dispose la terre. En tant que société, nous usons de nos ressources comme si ces dernières étaient illimitées, inépuisables. Mais les lois de la physique sont là, la Terre est finie et nos ressources… aussi ! Selon le jour du dépassement, il nous faudrait quasiment 3 planètes terre pour vivre comme nous le faisons. Cela affecte bien sûr les écosystèmes et la biodiversité dont nous sommes dépendants puisque produire autant épuise les sols, génère des pollutions diverses et variées et impacte le climat.

2,9 Terres par français

En dehors de la question de la consommation et de la production déjà problématique, un autre constat vient s’ajouter à cela : la fin de vie de nos objets et emballages est source de pollution. En effet, ceux qui ne vont pas vers la filière de recyclage sont très souvent incinérés (64% en France en 2018 selon l’Ademe) ou enfouis (29%). Or ces modes de traitement, parfois améliorés avec de la récupération de chaleur pour les incinérateurs sont loin d’être idéaux. Les déchets placés en décharge vont fermenter et générer du méthane, un puissant gaz à effet de serre (la production peut monter jusqu’à plusieurs millions de tonnes, et seulement depuis quelques années, ce dernier commence à être récupéré pour produire du biogaz), produire un jus de décharge toxique nommé lixiviat qui devra à terme être pompé et traité pour éviter de polluer les ressources en eau. Et pour ce qui est des déchets incinérés, en plus de l’émission de CO2, acide chlorhydrique, ammoniac, plomb en sortie de traitement ces derniers vont produire, pour chaque tonne traitée, 25 kilos de déchets toxiques issus des fumées collectées qui seront stockées dans des centres spécifiques et 250 kilos de résidus de combustion nommés mâchefers, dont les moins pollués en dioxine (les 2/3, soit 2 millions de tonnes par an) servent de remblais pour certaines de nos routes (qu’il faut tout de même éviter de placer à proximité de nappes phréatiques pour éviter leur contamination).

Rejets incinérateur
Vient également la question du recyclage, étape utile puisqu’elle permet de préserver des ressources pour les déchets qui en bénéficient. Oui, mais elle n’est pas exempte de défaut et est loin de concerner toutes les ressources recyclables. Pour le plastique par exemple, sur les 8,3 milliards de tonnes de plastique produites dans le monde, seuls 9% ont été recyclées. Et si certaines bouteilles 100% recyclées apparaissent comme un argument de vente par de nombreuses marques, il faut prendre en compte le fait qu’il a fallu plusieurs bouteilles pour en fabriquer une seule. En effet, une bouteille, même indiquée 100% recyclable voit son plastique perdre des propriétés. Et nous ne parlons ici que des bouteilles conçues dans un type de plastique unique et transparent, le recyclage est rendu encore plus complexe par la multiplicité des différents types de plastiques. De l’aveu même de Citeo, l’éco-organisme en charge du recyclage, seuls 50% des plastiques produits sont recyclables. D’autres matériaux comme le métal et le verre se recyclent bien mieux (mais pas à 100% non plus, il y a toujours de la perte de matière et/ou de qualité de la matière), mais il ne faut pas oublier que leur recyclage a aussi un coût : il faut par exemple monter le verre à 1000°C par l’utilisation de ressources fossiles et le recyclage d’une tonne de métal génère 1 tonne équivalent de CO2.
(Sources des chiffres présentes dans le livre « Recyclage, le grand enfumage » de F. Berlingen)

Vous l’aurez compris, pour toutes les raisons abordées ici, il est plus que temps qu’émerge une société respectueuse de nos ressources, une société axée sur la démarche zéro déchet.

Zéro déchet ? Vraiment  ?

On entends parfois que le zéro déchet est trop dur, impossible à atteindre. Effectivement, si on prends le terme zéro déchet au pied de la lettre, ça devient un véritable sacerdoce, d’autant plus lorsqu’on doit gérer son travail, des enfants, qu’on a des problèmes de santé, etc.  Tout le contraire de la démarche du zéro déchet qui se veut progressive et respectueuse des contraintes de chacun·e. Donc non, à l’évidence, le « Zéro » doit au final simplement être vu comme un idéal à atteindre. L’important dans la démarche est de comprendre l’impact qu’a notre manière de consommer sur le monde et de le prendre en compte du mieux possible au jour le jour, en restant bienveillant vis à vis de soi-même.

Comment faire ? La règle des 5R…

Pour limiter au maximum le remplissage de sa poubelle bleue (ou marron, ça dépend 🙂 ) ou les allers-retours à la déchetterie, le meilleur moyen est de se poser la question, pour chaque objet jeté : comment aurais-je pu éviter ce déchet ? C’est ça qui est ludique dans la démarche du zéro déchet, c’est comme un jeu d’enquête qui vous mènera vers de nombreuses solutions, et vous n’aurez plus qu’à choisir la bonne !

Et pour vous aider : il y a quelques règles simples que l’on retrouve dans le graphique ci-dessous : Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, et Rendre à la terre. Et l’ordre à son importance pour les quatre premiers, car l’acte de refus a un impact bien plus important que le recyclage, imparfait et nécessitant l’emploi de ressources. Et pour le petit dernier, le « rendre à la terre », si il est tout en bas de l’échelle, c’est un peu par convention, car son acte est d’une grande importance : il permet de réduire d’un tiers le poids de votre poubelle et redonner des composants essentiels à un sol vivant !

Refuser : les choses dont on n’a pas besoin, les objets à usage unique, et les objets non revalorisables ; Réduire : n’acheter que les quantités nécessaires, éviter le gaspillage ; Réutiliser : préférer les objets réutilisables, acheter d’occasion, emprunter ou louer, réparer, vendre ou donner ce qui ne nous sert plus ; Recycler : recycler les objets et matières revalorisables ; Rendre à la terre : composter la matière organique

© Natasha A. pour Zero Waste Paris

Avantages du zéro déchet

Préserver l’environnement

Préservation de l'environnement

Comme nous avons pu le découvrir dans la partie constat, notre mode de consommation et production actuel génère pollutions, emprises sur les terres, dégradation des sols et de la qualité de l’eau ainsi que tous les problèmes liés au dérèglement climatique. En choisissant un mode de vie zéro déchet, nous contribuons à réduire notre impact sur tous ces points. En effet, par la simple réduction de nos déchets nous évitons déjà tous les impacts qu’entrainent leur traitement. Mais un déchet a eu une vie avant d’en devenir un. Il a fallu extraire ses ressources (phase généralement la plus polluante), les emballer, les transporter vers une ou plusieurs usines de transformation, jusqu’à être fabriqué, emballé à nouveau vers un lieu de distribution, acheté et se retrouver enfin sur son lieu final. Donc en limitant nos achats de neuf (en questionnant nos besoins réels, en achetant d’occasion, en mutualisant, en empruntant, en maintenant nos objets en état le plus longtemps possible, etc.), c’est toutes les ressources consommées que nous préservons, toutes les pollutions et effets sur le climat engendrées par leur cycle de vie que nous évitons, car cela finit indubitablement par réduire la production de ces objets. Ainsi, par exemple, en évitant l’achat d’un nouveau smartphone neuf, c’est l’extraction de 183 kilos de matières premières qui sont évitées, et 350 kgs équivalent CO2 (nous sommes limités à 2 tonnes par personne si nous souhaitons restées sous la barre des 1,5°C de réchauffement climatique) qui ne sont pas envoyés dans l’atmosphère pour une nouvelle télévision. N’hésitez d’ailleurs pas à relever le Défi « Rien de neuf ! » proposé par Zero Waste France.

Source : Ademe 2018

Protéger sa santé et celles des autres

Préservation de la santé

Cela va de soit, mais il est toujours intéressant de le dire : préserver son environnement, c’est préserver sa santé et celle des milliards d’habitant·e·s de notre belle planète. En effet, lorsque la qualité de l’air, de l’eau, des aliments qui nous permettent de vivre est optimum, nous sommes en meilleure santé. Donc en agissant sur notre mode de consommation comme nous le faisons avec le zéro déchet, c’est à nous et à toutes celles et ceux qui nous entourent que nous faisons du bien.

Et au delà de cet état de fait, le zéro déchet va très régulièrement de paire avec l’achat ou la conception de produits plus sains, moins impactants sur l’environnement. Ainsi pour l’alimentaire par exemple, on évite l’achat de produits industriels emballés et on choisi de cuisiner à partir de produits bruts, locaux, cultivés avec respect du sol, sans pesticides, engrais, additifs tout en réduisant le sucre et ses effets nocifs.

Contribuer à une société plus résiliente et plus juste

Solidarité

En limitant nos achats de neuf, on indique clairement qu’on ne souhaite plus continuer de consommer à tout va. En ajoutant à cela, le « buycott », le fait de se tourner pour nos éventuels achats de neuf vers les marques et produits qui respectent nos valeurs éthiques (pas d’utilisation de ressources issues du travail des enfants ou finançant des milices armées comme c’est le cas pour certains de nos smartphones, travailleurs payés correctement et travaillant dans des conditions décentes, pas de destruction d’invendus, etc.) et environnementales (durables, réparables, emballages consignés, mode de fabrication et transport peu polluant, etc.), on contribue à changer le modèle de société actuel vers un modèle plus respectueux de l’humain et de tout son environnement.

Vivre mieux

Vivre mieux
On vous l’accorde, c’est très subjectif, mais nous avons reçus de nombreux retours sur le sujet lors de nos actions de sensibilisation. Agir petit à petit pour respecter les principes qui nous tiennent à cœur tout en prenant soin de soi (en respectant ses différentes contraintes et en restant bienveillant dans sa démarche zéro déchet vis à vis de soi-même et des autres) nous fait du bien ! Et le fait est que mener un mode de vie plus en accord avec qui nous sommes, nous fait également souvent rencontrer de belles personnes 😊.

Réaliser des économies ? Vraiment ?

Basée sur une autre manière de consommer, la démarche zéro déchet permet effectivement de réaliser de belles économies en limitant au maximum l’achat de produits neufs, en faisant par soi-même ses produits ou en prolongeant la durée de vie de ses objets et en privilégiant les objets réutilisables aux objets jetables. Il y a, bien entendu, certaines dépenses qui seront plus importantes puisque se tourner vers des produits plus locaux, plus qualitatifs et meilleurs pour l’environnement occasionne une hausse du budget. C’est cependant, un bel investissement pour sa santé et même celle de ses proches et, au final, le budget global s’en retrouve majoritairement moins élevé qu’au début de la démarche.

Envie d’aller plus loin ?

Vous avez envie d’en savoir plus sur le mode de vie zéro déchet ? Ca tombe bien, un MOOC gratuit (cours en ligne) a été réalisé en collaboration avec l’université des colibris et Zero Waste France, MOOC dont les vidéos dec ette page sont tirées. N’hésitez pas à le suivre, il aborde toutes les notions simplement et de manière ludique. Vous deviendrez un·e pro du zéro déchet !

MOOC : Passez au zéro déchet